-------------------------------------------------------------- -------------------------------------------------------------- CONTRE INFOS EUROPEAN COUNTER NETWORK PARIS / FRANCE --------------------------------------------------------------- 29 septembre 1996 / N- 12 -------------------------------------------------------------- Ecn c/o Reflex - 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris (France) --------------------------------------------------------------- Counter@dialup.francenet.fr http://www.anet.fr/~aris/ --------------------------------------------------------------- SPECIAL LUTTE DES SANS-PAPIERS #3 - IL Y A DE PLUS EN PLUS D'E'TRANGERS DANS LE MONDE - COMMENT SE CONJUGUE L'AIR DU TEMPS - EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE - LILLE, ACTION EN COURS ! - LA LONGUE LUTTE DES SANS PAPIERS A LILLE - ETES VOUS COLOMBOPHILES? - EN BRETAGNE, UNE COORDINATION DES COMITE DE SOUTIEN AUX INCULPES DU DROIT D'ASILE - CONTACTS DIVERS --------------------------------------------------------------- IL Y A DE PLUS EN PLUS D'E'TRANGERS DANS LE MONDE ----------------------------------------------- Parce que seule la libre circulation des prole'taires de tous les pays peut empecher le triomphe de ce monde urbain incolore, inodore et sans saveur qu'on veut nous fabriquerŠ Parce que nous n'en avons rien a` cirer de l'"identite' franc,aise"Š Parce que la xe'nophobie d'Etat flatte et encourage le racisme d'une partie de la population et de'tourne sur les "e'trangers" la cole`re qui monte face a` un syste`me produisant toujours plus de richesses et toujours plus de pauvresŠ Parce que cette cole`re est la nôtreŠ Parce que nous savons que ce n'est pas l'immigration qui cre'e le chômage, mais bien la course a` la compe'titivite', c'est-a`-dire la logique meme du syste`meŠ Parce que cette logique folle nous pourrit la vieŠ Parce que la chasse aux "clandestins" repose sur une e'norme hypocrisie, puisque ce sont les re`glements eux-memes, toujours plus restrictifs, qui fabriquent de la "clandestinite'", et que des secteurs entiers de l'e'conomie vivent de la surexploitation de ces immigre's qui, loin de repre'senter "toute la mise`re du monde", sont des producteurs de richessesŠ Parce que cette hypocrisie encrasse les cerveaux, pervertit la pense'e de ceux qui nous entourent et fonde le consensus de toute la classe politique depuis plus de vingt ansŠ Parce que la surexploitation des "clandestins" permet de faire pression sur nos salaires, et de nous exploiter davantageŠ Parce que l'e'norme appareil lance' contre eux, avec ses fichiers informatiques, son espace Schengen, ses fonctionnaires-collabos qui en rajoutent toujours sur l'infamie re'glementaire, ses flics qui se croient tout permis et ses juges ze'le's, parce que cet appareil qui sert aujourd'hui contre eux, pourra fonctionner demain contre d'autres cate'gories de la populationŠ Parce que, dans un monde qui donne tout le pouvoir a` l'e'conomie, l'opposition entre re'fugie's politiques et re'fugie's e'conomiques n'a plus aucun sensŠ Parce que nous sommes tous victimes d'un syste`me qui acce'le`re sans cesse la circulation plane'taire des marchandises et des images, en s'opposant chaque jour un peu plus a` la circulation de la grande majorite' des humains - les pauvres du Sud et de l'Est et les pre'caires de partoutŠ Parce que nous avons e'te', nous sommes, ou serons tous un jour de ces pre'caires que menacent la matraque, le re`glement et la "rationalite'" e'conomiqueŠ Parce que nous ne supportons pas que l'absence d'un de'risoire bout de carton puisse empecher de circuler, de rencontrer, de de'couvrir, d'aimer et de partir a` l'aventureŠ Pour toutes ces raisons, et mille autres qui tiennent au parfum de liberte' qu'ont ramene' dans l'air les mouvements sociaux, le combat des sans-papiers est le nôtre, et nous faisons nôtre cette revendication minimale : des papiers pour tous ! La lutte commence'e avec l'occupation de Saint-Bernard a montre' que les lois Pasqua, sont non seulement odieuses et inhumaines, mais encore inapplicables - a` moins de confier de'finitivement la question du droit des e'trangers et de chacun d'entre nous a` la discre'tion de la police. Elle a montre' les limites de la ne'gociation "au cas par cas", qui divise le mouvement et l'enlise dans d'interminables de'marches administratives, et celles des soutiens humanitaires. L'e'norme de'ploiement policier et son piteux e'pilogue judiciaire, assorti de rafles au hasard pour remplir les charters, ont montre' qu'il e'tait plus dangereux de ne rien faire que d'apparaitre publiquement. De toute manie`re, leur finalite' n'est pas comme on voudrait le faire croire d'expulser les ille'gaux, mais de les faire replonger dans la clandestinite', d'exercer une terreur qui les contraigne a` accepter des conditions de salaire et de travail intole'rables. Outre la mobilisation policie`re, la de'cision du gouvernement d'avoir recours a` son appareil militaire pour ge'rer le "cas Saint-Bernard" dans ses e'tapes successives (me'decins militaires, hôpitaux militaires, avions militaires de'collant d'une base ae'rienne), au dela` de la mise en spectacle du gros baton re'pressif de l'Etat- policier, a montre' a` quel point il ne pouvait plus compter sur la confiance et la collaboration parfaite de secteurs entiers de la socie'te' dite civile, que le consensus xe'nophobe commenc,ait a` se fissurer jusque dans les me'diations que l'Etat utilise habituellement et que seul demeurait disponible et fiable une politique du fait accompli, de de'monstration de force, de militarisation. Contrairement a` ce que veut faire croire le gouvernement, la lutte des sans-papiers n'est pas termine'e : elle entre dans une nouvelle phase, marque'e par une volonte' d'extension au niveau he'xagonale et de ge'ne'ralisation dans l'exigence de la re'gularisation de tous les sans-papiers. Pour ceux de Saint-Bernard, la lutte continue car sur 270 dossiers de'pose's, seule une cinquantaine de re'gularisations ont e'te' obtenues. Par ailleurs, la multiplication des collectifs de sans-papiers dans et hors de la re'gion parisienne, regroupe's dans une coordination nationale, la naissance publique d'un nouveau collectif parisien avec l'entre'e en lutte de nouvelles communaute's, l'ouverture de nouveaux lieux par et pour les sans-papiers comme a` Colombes et a` Lille, sont des signes tangibles de cette e'volution vers la monte'e en puissance d'un mouvement autonome des sans-papiers, dont une e'che'ance importante sera la manifestation nationale du 28 septembre. La de'termination des re'sidents du Foyer Nouvelle-France dans leur volonte' de rester ensemble, a` Montreuil, et ceci contre la politique raciste du maire de gauche ("e'colo-progressiste") JP Brard, qui s'est illustre'e par l'expulsion et la destruction du foyer, ses "propositions" de les disperser aux quatre coins de la re'gion parisienne dans des chambres minuscules et tre`s che`res, les envois re'pe'te's de flics et le bouclage du centre-ville pour chasser les Africains qui manifestaient pacifiquement en face de la mairie, met en lumie`re l'e'vidence que l'apartheid social qui s'est progressivement instaure' dans ce pays depuis des anne'es ne se limite pas a` telle ou telle loi vote'e par le parlement (qu'il soit de "droite" ou de "gauche") mais qu'il impre`gne en profondeur les structures sociales, les sphe`res de la repre'sentation politique et l'ensemble des rouages administratifs. En conse'quence de quoi, la re'sistance doit s'engager plus que jamais contre l'ensemble de l'arsenal re'pressif anti-immigre', contre la xe'nophobie, qu'elle soit d'Etat, administrative ou municipale, dans la conque`te de tous les droits sociaux et politiques pour toutes et tous, dans la de'fense de l'autonomie des luttes et le refus des manipulations/re'cupe'rations politiciennes et/ou e'lectoralistes. En s'organisant eux-memes et en luttant pour imposer leurs conditions aux organisations qui les soutenaient, les occupants de Saint-Bernard avaient d'ores et de'ja` pose' le proble`me hors des cadres humanitaires ou` on voulait le cantonner. En tentant de "vider l'abce`s", l'Etat n'a re'ussi qu'a` re'pandre le virus de la solidarite' et a` permettre que ceux qui n'avaient pas trouve' place dans l'e'glise cre'ent de nouveaux comite's ouverts a` tous les sans-papiers. En re'affirmant leur volonte' de ne pas etre mis hors du "droit commun", les sans-papiers et plus largement l'immigration attaque'e a` travers eux, portent un coup au processus de pre'carisation de larges couches de la population, de de'mante`lement des protections sociales (RMI interdit aux moins de 25 ans, flicage du chômage, etc.) C'est le sens de l'engagement du Collectif "Des Papiers pour Tous" depuis sa cre'ation en avril dernier, a` travers ses multiples interventions et occupations d'administrations (ANPE, Air France, annexe de la Pre'fecture de police, Caisse d'allocations familialesŠ), rouages de la xe'nophobie d'Etat et lieux ave're's de la de'lation, de la chasse aux sans-papiers. C'est le sens de notre attitude lors de la manifestation du 23 aout, ou`, en prenant la tete du corte`ge, nous l'avons conduite au cours d'une hallucinante marche nocturne en plein Bois jusqu'au centre de re'tention de Vincennes. C'est le sens de la pre'sence du Collectif a` Montreuil, en particulier les 6 et 7 septembre en solidarite' avec les ex-re'sidents de Nouvelle-France lorsqu'ils ont de'cide' d'investir un immeuble de bureaux, neuf et vide depuis 3 ans, appartenant a` la mairie. C'est le sens de notre pre'sence active aux cote's de 150 sans-papiers du 3e` collectif parisien lors de l'occupation du centre de re'ception des demandeurs d'asile de Paris le 12 septembre. C'est le sens des interventions que nous envisageons pour les semaines a` venir. La publication que vous avez entre les mains est un outil supple'mentaire que le Collectif "Des Papiers pour Tous" met en place afin de briser le mur de la de'sinformation qui se dresse autour des sans-papiers, des sans-foyers, des sans-droits. Il vise a` offrir une caisse de re'sonnance a` toutes ces re'sistances et permettre ainsi de jeter des ponts entre elles. Il ambitionne d'etre un lieu de de'bat et d'expression pour tous ceux et celles qui entendent construire un mouvement autonome de lutte et de solidarite'. L'offensive contre les sans-papiers n'est pas le proble`me des sans-papiers, c'est notre proble`me a` tous. Prenons l'initiative! Paris, le 15 Septembre 1996 [ Editorial du bulletin du Collectif "Des papiers pour tous", 16 septembre 1996 ] --------------------------------------------------------------- COMMENT SE CONJUGUE L'AIR DU TEMPS ----------------------------------- Pas besoin de papiers pour vivreŠ ------------------------------- Aujourd'hui, dans le quartier, vous pouvez vivre sans papiersŠ Il vous suffira de ne jamais prendre le me'tro, de ne pas sortir le soir, de rester le plus possible cloitre', si possible la` ou` on vous fait travailler pour des clopinettes, et de dormir par exemple sous votre machine a` coudreŠ Il vous suffira de ne jamais avoir aucun contact avec une administration, une ANPE, une poste, une e'cole meme, dans un de ces endroits ou`, au milieu de gens comme vous et moi, sont tapis des rats a` face humaine prets a` vous de'noncer pour le seul plaisir de participer a` la Grande Traque aux EtrangersŠ Il vous suffira d'e'viter les contrôles dans la rue, de ne pas rester en groupe avec des amis de meme couleur de peau, de ne pas vous faire remarquer et surtout de ne jamais facher ni votre patron ni votre voisin de palierŠ Il vous suffira d'accepter de vivre dans la peurŠ il vous suffira d'accepter de servir de bouc e'missaire a` la crise du travail qu'aucun gouvernement, de droite ou de gauche, depuis vingt ans, n'a pu contenir. Hyste'rie xe'nophobeŠ ------------------- Pourtant, les gouvernants savent bien que ce n'est pas l'immigration qui cre'e le chômage, mais la course meme a` la compe'titivite'. Et tout le monde sait que le syste`me repose sur une grande hypocrisie : que deviendraient les secteurs du BTP et ceux de la confection sans les " clandestins " ? Tout le monde sait qu'aucune frontie`re, dans le monde moderne, n'arretera vraiment le flux des gens fuyant la pauvrete' et la guerre que notre monde produit. " Nous ne pouvons pas accueillir toute la mise`re du monde ", ge'missent les gouvernants, en ne'gligeant de dire que cette mise`re, nous contribuons tre`s largement a` la produire, en soutenant des re'gimes assassins comme en Afrique (quand ce n'est pas en fomentant des ge'nocides, comme au Rwanda) et plus largement en participant a` un syste`me e'conomique mondial qui ravage des zones entie`res de la plane`te. Les dernie`res propositions des commissions Philibert Sauvaigo et Coubon-Lanard sur l'immigration, pure explosion d'hyste'rie xe'nophobe, n'ont gue`re de chances d'etre prises en compte. La politique de rejet absolu qu'elles pre'conisaient est lourde de danger pour la socie'te' dans son ensemble. Refuser les soins me'dicaux, c'est courir le risque de provoquer des e'pide'mies : chacun sait que les microbes ne sont pas racistes et que les maladies de pauvres comme la tuberculose, a` la longue, n'e'pargnent plus les riches. Aux Etats-Unis, les syndicats de policiers eux-memes ont combattu l'ide'e d'interdire l'e'cole aux enfants de clandestins, par peur de les voir occuper la rue. Les gesticulations anti-immigre's ont donc, d'abord, une fonction e'lectoraliste, pour des e'lus locaux de'sireux de piquer des voix au FN. Plus ge'ne'ralement, le renforcement constant des mesures anti-immigre's sert a` cre'er, par le jeu des re`glementations de plus en plus restrictives, de nouveaux " clandestins ", c'est-a`-dire de nouvelles couches de population en position de tre`s grandes pre'carite', afin de faire pression sur le niveau des salaires. Pour de'tourner aux de'pens des surexploite's la cole`re des exploite's, on cre'e une atmosphe`re de'testable de de'lation et de flicage, a` coup d'amalgames et de plans vigipirates. Šet re'sistance a` la base ---------------------- Mais ici ou la`, des actes de re'sistance se manifestent, comme le refus du personnel au sol se'ne'galais et malien de permettre l'aterrissage des "Charters de la honte", ou encore a` Chatillon-Saint-Jean (Drôme) ou` une soixantaine d'habitants ont manifeste' devant un commissariat ou` e'tait retenu un guine'en en instance de reconduite a` la frontie`re. Quand les " clandestins " ont un visage, qu'on a appris a` les connaitre et a` vivre avec eux, il arrive assez souvent qu'on se bouge, qu'on manifeste pour empecher leur expulsion. De tels gestes permettent d'espe'rer que des iniatives comme celles des sans-papiers et des sans-foyers puissent rencontrer un jour plus de soutien de la part de la population. Ce sont de telles initiatives, venues de la base, des quartiers, des voisins et des colle`gues de travail, bien davantage que l'agitation publicitaire d'organisations de spectacles antiracistes, qui permettront d'enrayer la xe'nophobie d'Etat et le climat raciste qui re`gnent dans ce pays. Ce sont de telles initiatives autonomes que le Collectif "Des Papiers pour Tous" s'emploiera a` faire connaitre et a` soutenir. [Extrait du bulletin du Collectif "Des papiers pour tous", nume'ro 2, 16 septembre 1996] --------------------------------------------------------------- EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE -------------------------------- Il a fallu 5 mois pour que le collectif de Saint-Ambroise brise le mur de l'indiffe'rence et ouvre la voie au de'veloppement d'un mouvement autonome des sans papiers. Celui-ci tente de'sormais de se structurer en coordination nationale de collectifs locaux et en coordinations re'gionales. Nous sommes encore a` l'ore'e de ce combat pour que les "mauvais immigre's" ne soit plus la proie de fonctionnaires collaborationnistes et de leurs employeurs. OEuvrer pour de prestigieuses entreprises a` la consolidation du be'ne'fice du commerce exte'rieur ou a` la satisfaction des besoins locaux de salarie's au temps de vie colonise' par le travail, telle est la fonction productive assigne'e a` ces travailleurs invisibles que sont les clandestins, figure emble'matique d'une pre'carite' du travail qui se ge'ne'ralise. Pour faire aboutir ses revendications imme'diates - re'gularisation globale des sans papiers, moratoire des expulsions, libe'ration des prisonniers, retour des expulse's -, la coordination nationale et les coordinations re'gionales travaillent a` la construction et a` l'extension du mouvement. La cre'ation partout en France de nouveaux collectifs de sans-papiers, le recueil de nouveaux dossiers, l'e'mergence publique de fractions immigre'es jusqu'a` la` discre`tes sont les conditions requises par la construction patiente de nouvelles communaute's de lutte. Seules de telles agre'gations collectives peuvent etre a` memes d'opposer un rapport de force re'el a` l'Etat. A ce jour, le pays compte une quarantaine de collectifs de sans papiers et 3 coordinations re'gionales (Re'gion parisienne, Bretagne, Languedoc Roussillon). La journe'e du jeudi 12 septembre a vue se de'rouler des manifestations dans toute la France, occupations d'administrations auxquelles ont affaire les sans papiers; ainsi re'quisitions de locaux vides. Cette journe'e marque une e'tape dans un processus de remise en cause de l'ensemble de la "politique d'immigration" depuis 20 ans. L'action du "Troisie`me collectif de Paris", s'inscrit dans cette logique. Ce collectif a vu le jour de'but septembre a` l'initiative de la coordination re'gionale. Il regroupe actuellement 350 sans papiers de 22 nationalite's et des militants et militantes de la LDH, de l'ATMF (Association des Travailleurs Marocains en France), de l'ATT (Association des Travailleurs Turcs) et du Collectif "Des Papiers pour Tous". Pour sa premie`re action publique le 12 septembre a` Paris, le Troisie`me collectif a occupe' pendant la journe'e le Centre d'accueil des e'trangers demandeurs d'asile qui de'pend de la Pre'fecture de Paris. Vers 11 h, 200 personnes, dont 120 sans papiers ont investi les locaux en exigeant de rencontrer un responsable de cette administration. Venus en nombre, les policiers ont du se contenter du rôle de spectateurs, leurs be'taille`res sont reste'es vides. Le sous directeur aux e'tranger de la Pre'fecture, J.P Gardiola, a fait le de'placement pour entamer des ne'gociations. Apre`s avoir e'coute' l'expose' de la situation et les revendications des de'le'gue's des sans-papiers, ce haut fonctionnaire en charge du dossier des e'trangers a demande' que le collectif formule par e'crit les crite`res sur lesquels le re'examen des dossiers de sans papiers devait etre effectue' en vue de la re'gularisation. Cette action signe l'acte de naissance du collectif. La pre'sence massive et remarque'e de ressortissants d'une Chine populaire dont les premiers repre'sentants e'taient apparus en juin dans les manifestations pour la re'gularisation ouvre une pe'riode nouvelle des luttes de l'immigration. L'Etat franc,ais a si bien saisi le pe'ril de cette e'mergence (imaginez l'effet tienanmesque d'un simple projet de charter vers Pe'kin!) qu'il a de'ja` envoye' ses cadors fliquer Belleville et le 11eme arrondissement. Les traducteurs, les juristes, les militants de'sireux de soutenir la lutte des sans papiers sont invite's a` nous rejoindre pour contribuer a` la structuration et au renforcement de ce troisie`me collectif. D'autres fractions de l'immigration sont sur le point d'entrer en lutte. Le mouvement regroupe aujourd'hui, plusieurs milliers de sans papiers, mais le nombre de ceux et de celles qui demeurent dans l'ombre reste conside'rable. Plus que jamais, I'auto-organisation du mouvement des sans papiers est une ne'cessite'. Deux e'che'ances vont rythmer cette construction, le 18 septembre, la rencontre des sans papiers avec les parlementaires europe'ens a` Strasbourg peut etre accompagne'e de multiples manifestations locales. Le 28 septembre la manifestation de Paris a` l'appel de la coordination nationale doit exprimer la ge'ne'ralisation du mouvement. [ Extrait du bulletin du Collectif "Des papiers pour tous", 16 septembre 1996 ] ------------------------------------------------------------ LILLE, ACTION EN COURS ! ------------------------ À Lille, la lutte des sans-papiers est ne'e sous la conduite d'un re'seau local d'associations (notamment, la LDH, la LCR, le Mrap, le collectif pour la de'mocratie en Alge'rie... ) constitue' en 1993 avec pour objectif l'abrogation des lois Pasqua. Cette lutte, limite'e de juin a` aout au cas des parents e'trangers d'enfants franc,ais, a pris la forme d'une gre`ve de la faim de 13 pe`res de familles. Stoppe'e par les engagements de re'gularisation, cette premie`re e'tape a de'bouche' sur une situation incertaine, la Pre'fecture faisant trainer les ne'gociations autour des 269 dossiers de parents d'enfants franc,ais de'pose's par les associations. À la suite de l'expulsion de Saint Bernard, le 23 aout , un Comite' de sans-papiers se constitue sur la base des mots d'ordre de la Coordination nationale des collectifs de sans-papiers. Les 40 personnes qui le composent, et c'est la` une diffe'rence importante avec Saint-Bernard, ne se connaissaient pas auparavant. Ces personnes ont d'abord manifeste' une he'sitation a` aller au-dela` de la logique des ne'gociations sur une cate'gorie spe'cifique de sans papiers, mais leur de'termination a` sortir de l'ombre s'est renforce'e au fil des jours. Accueillies par la Pastorale des migrants dans une salle de mission e'vange'lique, elles y sont demeure's pre's de 15 jours dans des conditions rendant l'organisation de la lutte tre`s difficile (15 personnes maximum du fait du manque de place, pas de te'le'phone, pas de bruit apre`s 22 heures...) Depuis le 12 septembre, le comite' occupe un local de la Cimade (avec son accord tardif), en plein quartier de Wazemmes, il regroupe aujourd'hui 72 personnes. Depuis que des diffusions de tracts ont e'te' organise'es afin d'appeler tous les sans papiers a` rejoindre la lutte on compte 5 a` 10 personnes de plus par jour. La lutte en est probablement a un tournant: tout de'pendra de la capacite' du comite' a` instaurer une confiance re'elle entre ses protagonistes. Le 14 septembre Collectif "Des Papiers pour Tous" de Lille ------------------------------------------------------------ LA LONGUE LUTTE DES SANS PAPIERS A LILLE ---------------------------------------- Cela fait maintenant plus de 20 ans que les immigre's sans papiers luttent pour faire reconnaitre leur droit a` rester en France. A Lille, de'ja` en 1974, des immigre's gre'vistes de la faim occupe`rent l'Eglise Sainte Catherine pour lutter contre les expulsions. Entre 1974 et 1981, sous la pre'sidence de Giscard d'Estaing, I'Etat franc,ais s'inge'nie a` mettre de nouvelles barrie`res a` l'entre'e des immigre's: lois Bonnet-Barre-Stole'ru contre les e'tudiants e'trangers, instauration de la fameuse "aide au retour" qui vise a` empecher les travailleurs immigre's licencie's ou retraite's de percevoir leurs droits. A Lille comme ailleurs des luttes ponctuelles vont se de'rouler contre ces mesures et les expulsions qu'elles entraine`rent. En 1981 I'arrive'e de Mitterand marque un changement: certaines revendications avance'es de longue date sont satisfaites: obtention de la carte de 10 ans, reconnaissance du caracte`re non-transitoire de la pre'sence en France de toute une se'rie de personne d'origine e'trange`re (non expulsabilite' des mineurs...). Intervient aussi la "re'gularisation des sans papiers". Alors qu'on estimait leur nombre entre 300 et 400 000, 140 000 personnes se pre'sente`rent dans les pre'fectures, 90 000 obtinrent leur re'gularisation. Ceci ne se fit pas sans mal: la loi exigeait une pre'sence en France depuis plus d'un an et un contrat de travail d'au moins 12 mois. Ces conditions, difficiles a` re'unir pour ceux qui avaient passe' la frontie`re clandestinement ou qui travaillaient au noir ou de manie`re pre'caire (saisonniers, marchands ambulants), allaient provoquer des luttes importantes. [ Extrait de "Apatride", bulletin lillois de soutien a` la lutte des sans papiers , nume'ro 1, 21 septembre 1996 ] ------------------------------------------------------------ ETES VOUS COLOMBOPHILES? ------------------------- C'est avec Le soutien actif de L'ASTI (Association de Soutien aux travailleurs Immigre's), de L'ATMF (Association des travailleurs Marocains de France) et du GISTI (Groupe d'information et de soutien aux travailleurs Immigre's) que Le Collectif des sans papiers de Colombes ont investi depuis Le 12 septembre une maison de quartier de'saffecte'e au 10 rue Jules Michelet a` Colombes dans Les Hauts de Seine. Le comite' de soutien s'est e'largi au point inclure des groupes politiques (PS, Verts) de La majorite' municipale (PCF) qui connait un porte a` faux similaire a` celui qui a conduit Brard a` envoyer La police contre Les sans foyers de Montreuil. Sauf qu'il s'agit ici d'une Lutte pour Les papiers que Le PCF entend soutenir depuis que Les me'dias ont, Lors de L'occupation de Saint Bernard, pousse' Les forces de La gauche institutionnelle a` une attitude plus re'ceptive a` ces luttes de l'immigration. A Colombes 89 dossiers de demandes de re'gularisation ont e'te' de'pose's en Pre'fecture et ce sont pour L'instant 400 dossiers au total qui sont en voie de constitution. Chaque jour qui passe contribue a` faire de cette maison du pre'caire quartier des Fosse's Jean un Lieu de passage incontournable pour Les sans papiers des environs qui rejoignent Le collectif. La Pre'fecture, inquie`te de cet e'largissement semble actuellement faire mine assouplir sa position. Voila` ou` en est La Lutte pour La re'gularisation a` Colombes, a` vous de de'couvrir La suite et d'y contribuer. Pourquoi ne pas commencer par une visite? [ Extrait du bulletin du Collectif "Des papiers pour tous", nume'ro 2, 16 septembre 1996 ] ------------------------------------------------------------ EN BRETAGNE, UNE COORDINATION DES COMITE DE SOUTIEN AUX INCULPES DU DROIT D'ASILE ---------------------------------------------------- Une histoire ancienne En Bretagne un mouvement de solidarite' s'est de'veloppe' depuis quatre ans sans beaucoup d'e'cho. En 1992, l'Etat franc,ais aux ordres du PS avait de'cide' de liquider l'he'bergement en Bretagne des re'fugie's basques. Ceux-ci fuyaient les tortures de la Guardia Civil au sud des Pyre'ne'es et les escadrons de la mort du GAL au nord (responsables de 27 morts et 28 blesse's entre 1983 et 1987). En juin 1981, le ministre de l'Inte'rieur franc,ais Deferre pre'sentait les basques de l'ETA comme des "re'sistants", mais en 1983, les "re'sistants" devenaient des "terroristes"... le PS e'tait a` Paris et le PSOE a` Madrid, la France vendait son TGV a` l'Espagne. La torture a continue' dans les casernes de la Guardia Civil, les commandos de la mort du GAL, commandite's par Madrid avec l'accord de Paris et l'aide de policiers franc,ais corrompus, se sont de'chaine's contre les re'fugie's au Pays basque nord. Aussi, la population bretonne ne changea pas d'habitude a` l'e'gard des re'fugie's basques. Le pouvoir face a` la solidarite' --------------------------------- L'Etat franc,ais de'cidait en 1982 de trancher cette solidarite' en criminalisant massivement les he'bergeants. Depuis 4 ans, pre`s de 200 personnes ont e'te' arrete'es ou interroge'es en Bretagne, avec brutalite's policie`res et vexations gratuites pour les intimider et faire leur peur. Mais contrairement a` l'attente du pouvoir (qui stigmatisait les inculpe's sous l'accusation de "terrorisme" comme il stigmatise les sans-papiers en les traitant de "re'fugie's e'conomiques"), une re'sistance s'est organise'e. Actuellement, une quinzaine de comite's participent a` une coordination, un bulletin disponible par abonnement (1) est diffuse' une contre-information est faites dans de tre`s nombreux rassemblements en Bretagne. Mieux, la coordination contre-attaque puisqu'elle pointe la collaboration entre Paris et Madrid qui se traduit par la poursuite de la livraison aux tortionnaires espagnols des re'fugie's basques arrete's dans l'Hexagone. Le dernier cas connu est celui de Luis Iruretagoiena, expulse' le 8 juin 1996 sans que l'Espagne ait demande' son extradition et qui a e'te' remis a` la Guardia Civil : torture' pendant les quatre jours de sa garde a` vue (e'lectricite', suffocation par poche en plastique, coups), il a ensuite e'te' mis au secret. Reconnu innocent, il a e'te' remis en liberte' ! C'est bien une politique de'libe're'e de terreur contre les militants basques qui s'est de'veloppe'e. A ce sujet, la politique de l'Etat espagnol a` l'e'gard des sans papiers n'est pas plus progressiste; cet e'te' des "clandestins" drogue's par les flics ont e'te' livre's par charter a` leurs pays d'origine, et certains ont e'te' fusille's a` leur arrive'e, d'autres ont disparu. Face a` cette politique de terreur, il est important de savoir que la mobilisation paye. Ainsi, lorsque la coordination des comite's bretons a mene' campagne lors de l'extradition de re'fugie's basques, ceux-ci ont e'chappe' a` la torture et ont e'te' remis a` l'autorite' judiciaire. Petite victoire mais qui prouve que les pouvoirs franc,ais et espagnols ne se sentent pas trop libres de massacrer lorsqu'ils savent qu'un soutien exte'rieur aux personnes pour suivies s'exerce, pret a` de'noncer leur actes. Le proce`s tu droit d'asile --------------------------- En novembre 1995, pre`s de 80 personnes sont passe'es en proce`s a` Paris pour accusation de terrorisme. Le jugement a lourdement frappe' les re'fugie's mais a e'vite', a` une exception pre`s ( un an de prison ferme pour une Bretonne), de sanctionner les he'bergeants - accuse's d'association de malfaiteurs" - au dela` des de'tentions pre'ventives de'ja` applique'es. La` aussi, il apparait que la mobilisation des comite's bretons a pese' dans cette volonte' de de'samorcer l'escalade. Le but d'un tel proce`s est de cre'er, par la peur, un vide autour d'e'ventuels nouveaux re'fugie's basques. La re'pression qui frappe les Basques et leurs he'bergeants sous couvert d'antiterrorisme est la meme qui frappera demain les immigre's clandestins et ceux qui se montrent solidaires de leur sort. Les attentats de l'e'te' 95 sont arrive' a` point nomme' pour permettre au gouvernement de tenter de faire passer un projet de fichage informatise' de l'ensemble des he'bergeants de ressortissants e'trangers, ce qui doit repre'senter au moins plusieurs centaines de milliers de personnes. Ce qui se passe en Bretagne indique le futur sort re'serve' aux ressortissants hexagonaux trop solidaires des sans papiers. A Nantes, un couple de militants antiracistes qui avaient fourni un certificat d'he'bergement a` un immigre' zaïrois a e'te' condamne' en septembre 96 a` 4 mois de prison avec sursis et 3000 francs d'amende chacun, le certificat ayant e'te' juge' de complaisance! Mais le mouvement de solidarite' bretonne enseigne aussi que la re'sistance est essentielle et utile: toutes les personnes isole'es ont subi un emprisonnement plus lourd que celles be'ne'ficiant d'une solidarite' de la coordination. Une rencontre tes luttes Dans les Côtes d'Armor, a` Rennes, Nantes,... des comite's sont non seulement solidaires des re'fugie's basques mais aussi des immigre's en ge'ne'ral. Ainsi a` Morlaix, le Collectif de solidarite' avec les re'fugie's de Carantes qui s'oppose a` l'expulsion de trois familles (bulgare, roumaine, zaïroise) et le comite' de Be'gard coope`rent activement. A Rennes, le comite' de soutien aux inculpe's du droit d'asile participe a` des initiatives unitaires en faveurs des sans-papiers. Face a` un meme ennemi qui se nomme la raison d'Etat, il est essentiel que toutes les dynamiques de solidarite' et de tole'rance envers les re'fugie's et les immigre's convergent pour arreter une de'rive juridico-policie`re de l'Etat franc,ais menac,ant des liberte's aussi essentielles que le droit d'asile et la liberte' de circulation, corollaires d'une donne'e politique centrale; la situation de l'Autre, de l'Etranger, dans la socie'te' hexagonale de cette fin de XXe sie`cle. Correspondance Nantes (1) 100 francs les 20 nume'ros : Comite' rennais de soutien aux inculpe' du droit d'asile, 15 rue F.Chopin, Vezin-le-Coquet. [ Extrait du bulletin du Collectif "Des papiers pour tous", nume'ro 2, 16 septembre 1996 ] ------------------------------------------------------------ CONTACTS DIVERS --------------- Le collectif "Des papiers pour tous" ------------------------------------ 21ter, rue Voltaire, 75011 Paris (Me'tro Boulet-Montreuil) Te'l. 43 48 54 95 - Fax 43 72 15 77 http://www.anet.fr/~aris/dppt.html Re'unions publiques les premiers et troisie`mes mardi du mois a` 19 heures. Les Africains sans-papiers de St Ambroise ----------------------------------------- 32, rue du Faubourg-Poissonnie`re, 75010 Paris Te'l. 02 42 46 27 http://bok.net/pajol/ Messages de soutien : pajol@bok.net Coordination nationale des collectifs de sans-papiers ----------------------------------------------------- 21ter, rue Voltaire, 75011 Paris (Me'tro Boulet-Montreuil) Te'l. 43 72 15 73 - Fax : 43 72 15 77 Informations en italien sur la lutte des sans papiers ----------------------------------------------------- http:/www.ecn.org/lists/internazionale/ ------------------------------------------------------------ FIN - [2/2] _______________________________________________________ EUROPEAN COUNTER NETWORK - PARIS / FRANCE -------------------------------------------------------------- Ecn c/o Reflex - 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris (France) -------------------------------------------------------------- eMail : counter@francenet.fr Samizdat : http://www.anet.fr/~aris/ A-Infos : http://www.lglobal.com/TAO/ainfos.html TAO: http://www.lglobal.com/TAO/ ------------------------------------------------------------- _______________________________________________________